Prédications Protestantes dans les Alpes du sud 

ORIGINES DU PENTATEUQUE

  • L’avènement de la torah après l’exil

- En 539 (avant J.C.), Cyrus est vainqueur des babyloniens. La Judée passe sous contrôle perse.

- Cyrus permet le retour des déportés qui reviennent peu à peu au cours du 5° siècle. Mais tous ne retournent pas au pays. Cela va se traduire par un éclatement de la population avec une diaspora qui va énormément compter :

- La diaspora babylonienne, d’où sont issus les principaux rédacteurs de l’histoire deutéronomique,

- La diaspora égyptienne attestée par les découvertes archéologiques de l’île d’Éléphantine où les juifs constituent un poste de garnison.

- La diaspora d’Alexandrie est également nombreuse : En 646 de notre ère elle est évaluée à 40.000 juifs payant l’impôt.

Dès leur retour, les juifs, sous l’autorité des Lévites, des scribes et des prêtres (Esdras, Néhémie) n’auront de cesse de reconstruire le Temple, aidés en cela par les autorités perses (Artaxerxés) et leur politique très tolérante. Ainsi s’installe en Judée un pouvoir bicéphale avec d’un côté le Grand Prêtre (Eléazar) et de l’autre le gouverneur. C’est Esdras qui mettra en place l’assemblée des 120 sages, dont plusieurs prophètes (Aggée, Zacharie, Malachie), qui deviendra le Sanhédrin, tribunal arbitral suprême d’interprétation de la loi juive. C’est sous son autorité qu’auraient été écrits les livres de Daniel, Esther, Ezéchiel.

Dans l’euphorie de la reconstruction, les prêtres jouent un rôle de plus en plus déterminant et créent un ordre sacerdotal rédigeant des écrits reprenant la consécration du Tabernacle et d’autres objets sacrés, la construction de l’autel des holocaustes, et la réintroduction des rites sacrificiels.

Ces différentes actions ont pour projet de donner des signes concrets de l’identité juive et de reforger l’unité des juifs (ceux de la diaspora, dont beaucoup ne parlaient plus hébreu, et les autochtones) autour de la tradition des patriarches qu’ils vont relier à l’Exode et à la sortie d’Egypte (le premier grand retour en terre d’Israël), avec le Temple, Centre de gravité, Maison de Dieu à partir de laquelle il donne à la terre la bénédiction dont elle a besoin.

Les auteurs sacerdotaux veulent expliquer les origines du peuple. Ils mettent en avant les patriarches pour permettre au peuple de se réconcilier avec son passé, ses racines, mais apparaissent dès lors deux écoles :

  • Les patriarches (Abraham/Isaac/Jacob) présentés comme un ciment fondateur : Le clan d’Abram n’avait pas d’avenir, Dieu lui en a donné un
  • Moïse, celui qui a libéré le peuple, lui a donné la Loi, et l’a conduit jusqu’en Terre promise.
  • Il semblerait que les auteurs sacerdotaux privilégient les patriarches et que les prophètes valorisent la figure de Moïse, alors que toutes ces figures ont un point commun, qui a fondé le peuple hébreu, Dieu leur a donné la Terre Promise.

  • La constitution de la Torah (le Pentateuque)

La constitution de la Torah, à laquelle Esdras et Néhémie auront activement participé, va donner lieu à un double débat théologique :

  • L’alliance que Dieu a scellée avec le peuple hébreu, lui est-elle réservée exclusivement ou bien les étrangers peuvent-ils y accéder ?
  • Dieu doit être honoré et vénéré comme Dieu unique, par Israël seulement ou par la terre entière (Gen.12/1-3)?
  • Ces deux questions qui ont agité le peuple juif (et l’agitent encore) posent la question de l’exclusivisme Yahviste (Dieu est pour nous seuls) ou de l’universalité de l’alliance de Dieu avec les hommes.

Le retour d’exil a été possible grâce à un étranger, le roi perse Cyrus, qualifié de « oint de Dieu » (Es 45/1), le même chapitre (v.22) confirmant l’universalité de la promesse du salut par le Dieu « juste et sauveur ». D’autres étrangers ont sauvé le Peuple. Certains personnages de l’histoire d’Israël ont côtoyé et servi les étrangers, pour le bien du peuple hébreu (Joseph, Esther). Ruth, une étrangère entrée dans la tribu de Juda (celle de David), n’est-elle pas une aïeule de Jésus ? De quoi interpeller quelques convictions exclusivistes !! Ceci explique largement que la conception universaliste se soit développée dans les milieux de retour d’exil, par ceux qui savent ce qu’étranger veut dire :

Ce qui fait l’appartenance au Peuple de Dieu, ce n’est ni le sang ni la filiation, mais la Fidélité aux enseignements de l’Eternel et la confiance en sa promesse

Nous (chrétiens d’aujourd’hui) sommes à la fois héritiers et spectateurs de ce débat.

  • Le Document Sacerdotal

  • l'écrit sacerdotal n'est pas encore tout à fait la Torah. Les prêtres valorisent la tradition patriarcale sans la mettre au dessus de celle de Moise qui demeure essentiel pour le Pentateuque puisque c'est Moïse qui donne les instructions sur le temple. Il ne s'agit pas de deux écoles, Patriarcale et Exode, mais de deux traditions d'origine. Le Pentateuque va les réconcilier. 

  • Les cinq livres :

La torah est composée des 5 livres qui fondent le Judaïsme. Ils sont placés en premier dans le canon hébraïque, non par un ordre chronologique, car la période historique concernée est reprise et commentée de nombreuses fois dans les livres de l’Histoire Deutéronomiste (écrits antérieurement) et chez les prophètes (Nevïïm).

  • la Genèse rend compte de l’histoire patriarcale : (Gen. 49/50)
  • L’Exode rend compte de la sortie d’Egypte, la vocation de Moïse, et la constitution d’un premier ensemble législatif (Ex. 19-40) dont le don du Décalogue (Ex.20)
  • Le Lévitique développe les instructions concernant les rites (oblations) et sacrifices, les fêtes à commémorer : la Pâque, Pentecôte, les Expiations, les Tabernacles (Souccoth) et diverses instructions concernant les Lévites
  • Le Lévitique, qui traitre de lois sacerdotales et du Temple, est placé au centre du Pentateuque.
  • Le livre des Nombres raconte les préparatifs de départ du Sinaï (Nb 1 à 10) puis le séjour au désert (Nb. 11 à 21) et dans les plaines de Moab (Nb. 22 à 36) a été écrit plus tard,
  • Le Deutéronome, « la seconde loi », reprend les trois discours de Moïse jusqu’à sa mort (et la bénédiction du peuple) avant d’entrer en Canaan. Il a en revanche été écrit avant tous les autres.

3 codes sont rédigés pour normaliser le culte rendu à Dieu et la vis quotidienne des hébreux :

- Le Code de l’Alliance

- Le Code Deutéronomique

- Le Code de sainteté

Si ces cinq livres sont placés en premier dans le canon de l’AT, bien que leur écriture se soit étalée sur plusieurs siècles, c’est pour bien indiquer la place prépondérante, centrale, voire exclusive (le Temple et la Tradition sont placés en second rang) de la Torah pour entrer en relation avec l’Eternel (Nb 12).

La Torah répond aux questions sur l’histoire et l’identité : Qui est judéen, qui est samaritain, qui est l’étranger. Dans cette recherche, le courant universaliste l’emporte sur le courant exclusiviste.

La Torah, c’est la Parole de Dieu révélée aux hommes. Donner à la Torah une place prépondérante c’est manifester que Dieu est au centre de toutes choses, lui, le souverain de l’histoire, qui a donné le Décalogue une fois pour toutes, rien n’ayant plus à être ajouté ou retranché. La torah est la gardienne de ce don et la garante de cet accomplissement.

Ainsi est né le Livre, la religion du Livre, dont nous sommes les héritiers.

  • -Qui a écrit la Torah ? (source : http//introbible.free.fr)

Plus grand monde, et depuis longtemps, ne pense que la Torah ait été écrite par Moïse, sauf dans les courants fondamentalistes.

Au 19° siècle s’est développée une théorie (Wellhausen) sur les origines du pentateuque qui s’est imposée jusqu’à une période récente :

Selon cette théorie, aujourd’hui obsolète ( plus personne n'y croit vraiment depuis une trentaine d'années) , la torah résulterait de la fusion de documents provenant de 4 sources, par ordre chronologique :

  • - La source J, ou Yahviste. Le rédacteur nomme l’Eternel Yahvé (le tétragramme « YHWH »), est originaire de Jérusalem, au 10° siècle sous la monarchie (La datation de ce document a été également remise en cause, certains proposant d'en faire un document beaucoup plus récent, VIIème siècle ou après).
  • - La source E : datant du IXème ou VIIème siècle avant J.C, Écrivain du Nord (royaume de Samarie), donc moins favorable à la monarchie judéenne et plus influencé par le courant prophétique. Le document E (le rédacteur nomme Dieu « Élohim »), originaire du royaume du Nord (Samarie) serait arrivé à Jérusalem après la chute de la ville de Samarie en 722. Il aurait alors été fusionné au document J, formant ensemble le document jéhoviste (JE).
  • - La source D : écrite à la fin du VIIème siècle (règne de Josias) par les scribes de Jérusalem. Ce document est arrivé en dernier dans la compilation formant le pentateuque actuel, postérieurement à la source P, bien qu’écrit avant elle.
  • - La source P : rédigée au VIème siècle par les prêtres de Jérusalem exilés à Babylone. Après l'exil à Babylone (582-538), le document sacerdotal (P) a reçu des ajouts de type législatif (codés Ps) puis a été fusionné à JE pour donner le Tétrateuque (JEP) (c'est à dire les quatre (tetra) premiers livres de la Bible.
  • Certains livres semblaient manifestement ignorer complètement l'existence d'autres passages, ce qui est peu compatible avec l'hypothèse de la fusion de livres complets racontant la même histoire. D’autres hypothèses ont vu le jour : théorie des fragments, théorie des compléments.

Aujourd’hui, la recherche met en évidence le travail fondamental de deux écoles rédactionnelles principales :

  • L'ECOLE DEUTERONOMISTE (DTR) (voir l’Histoire deutéronomiste ci-après)

Elle rédige principalement à Babylone au début de l'exil. Elle est composée de scribes exilés, dont probablement un certain nombre sont très proches des milieux prophétiques, notamment disciples de Jérémie. Le souci premier de l'école deutéronomiste est d'expliquer pourquoi Israël s'est retrouvé en exil après avoir perdu sa terre, son temple et son roi. Elle rédigera essentiellement la grande histoire d'Israël qui va de Josué aux livres des Rois. On appelle cette école "deutéronomiste" parce qu'elle est également responsable de la mise en forme du Deutéronome.

  • L'ECOLE SACERDOTALE (P)

Elle rédige également en exil, peut-être un peu plus tardivement que l'école deutéronomiste. Elle est composée, comme son nom l'indique, de membres évoluant dans le milieu du clergé d'Israël. Elle se caractérise par un souci du détail, des précisions chronologiques (le livre des Nombres fut ajouté plus tardivement) et des listes généalogiques.

  • APRES L'EXIL, ces deux écoles rédactionnelles vont continuer à retoucher le texte du Pentateuque jusqu'à lui donner sa forme actuelle. On parle alors de relectures post-sacerdotales ou post-deutéronomistes.

  • Les Juifs et la Torah (source : www.viejuive.com)

Que représente aujourd’hui la Torah pour les juifs ? Occupe-t-elle encore cette place centrale que lui ont donnée ses rédacteurs ? Voici comment en parle Jacques Ouaknin, grand rabbin de Marseille, aujourd’hui :

Ainsi que l’exprime le Psaume 1 :

"Heureux l'homme qui trouve son plaisir dans la Torah de l'Eternel, et médite sa Torah jour et nuit",

La Torah est d'abord celle de l'Eternel, mais lorsque l'homme s'y investit entièrement et la conquiert par son labeur, elle devient la sienne propre. Nourriture spirituelle indispensable à la vie de chaque individu, elle est à la portée de tous. Chacun peut y trouver son contentement.

La connaissance de la Torah permet de se situer par rapport au monde, de donner une signification à sa vie et de rattacher l'homme à Dieu. A travers elle, l’homme peut atteindre l'amour de Dieu et de ses semblables, et connaître toutes les félicités de ce monde et du monde à venir.

En effet, une étude assidue, de toutes les fibres de son corps et de son âme, conduit inéluctablement à l'action sur le chemin de la vérité et de la lumière. L’étude de la Torah n'est pas réservée aux seuls sages, chacun est tenu, à son niveau, de s'adonner à cet exercice quotidien. C'est la raison pour laquelle la Torah a été comparée à de l'eau, indispensable à la vie. Que l'on soit grand ou petit, roi ou esclave, chaque créature a besoin d'eau :

« Si vous vous adonnez à l'étude assidue de la Torah... je vous donnerai les pluies en leur saison, je vous donnerai la vie. »

Quiconque étudie la Torah éloigne de lui les souffrances. L’étude est également source de pardon des fautes, et elle est supérieure à tous les sacrifices d'animaux. En effet, les paroles de la Torah peuvent transformer l’homme, de pécheur, il devient repentant, de mécréant, il devient croyant. Elles ont une telle force qu'elles imprègnent notre être au plus profond de lui-même. Celui qui s'occupe assidûment de la Torah voit ses affaires prospérer et ses soucis le quitter, car elle est source de bénédiction. De plus, elle rassasie l’homme et lui donne des forces pour faire face aux vicissitudes de la vie. C'est pour cette raison que la Torah a été comparée à du pain qui restaure le cœur. Même si l’étude est entreprise dans un but intéressé, pour se préserver du mal ou pour mériter la bénédiction, la Torah finira par conférer la qualité du désintéressement et du pur amour à cette étude.