Prédications Protestantes dans les Alpes du sud
Dimanche 09 décembre 2007
Culte à Gap (05000)
Lectures du Jour :
Ésaïe 11, 1-10 (Voir sous cette référence, méditation du 4-déc-16)
Matthieu 3, 1-12 (Voir également méditation du 5-déc-10)
Romains 15, 4-9
« Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers »…Revoilà aujourd’hui encore Jean le baptiseur, que nous avons suivi déjà ces deux derniers dimanches.
Je ne reprendrai donc pas les différents détails que j’ai donnés concernant la plume de Luc, les détails historiques, etc…
J’ai juste envie ce matin que nous nous transformions en employés…en employés de la DDE, Direction Départementale de l’Equipement !! Si, si !!! J’ai entendu certaines personnes de la chorale qui travaillaient le texte, et qui parlaient de l’A 51… « Toute vallée sera comblée, toute montagne et toute colline seront abaissées » ; un rêve pour ceux qui tracent routes et autoroutes !!!
Alors ce matin, je vous propose d’enfiler le costume que Dieu vous confie : travailleurs pour la DDE…Mais DDE, ça voudra dire : « Direction Donnée par l’Eternel » !!!
Jean le baptiste nous dit donc, reprenant le texte d’Esaïe : « Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers »…
Personnellement, je vois deux gros, deux énormes chantiers que nous sommes appelés à mettre en œuvre pour que le chemin du Seigneur soit fin prêt et que les sentiers soient droits :
Le premier chantier, c’est celui de nos vies.
Là, le gros équipement est de rigueur !!!
Ce chantier-là, c’est la route, la direction de nos vies. Nous sommes appelés à enlever du chemin de notre vie tous les cailloux, tous les obstacles, toutes les épines qui nous empêchent d’avancer, nous empêchent d’avoir un sens véritable et de nous y tenir.
Alors, par où commencer ? Je vous vois d’ici, vous sortez pour certains l’artillerie lourde : le marteau-piqueur pour déterrer toutes les cochonneries qui , sur votre route, vous stoppent net ou même vous font reculer ; certains vont mettre le casque, pour bien se protéger, histoire que ce nettoyage de route ne soit pas trop douloureux ; d’autres vont sortir la bétonnière ( très pratique pour essayer de camoufler ce qui ne va pas, en mettant une grosse couche de béton ; oui, mais au premier froid, au premier gel, tout ce qui a été enfoui va ressortir ; le chemin sur lequel vous êtes, revomira ce que vous avez tenté de planquer…) ; d’autres vont sortir le tout petit burin, ou la balayette à sable : « moi, ma route, elle est impeccable, pas de souci, …ça roule !!! »
Avant de sortir vos rouleaux compresseurs et autres engins, je vous conseille un préalable indispensable : prenez contact avec le chef de chantier ! Celui-là justement, sur la route de notre vie, sur les chemins du quotidien, on l’oublie ; on oublie simplement de le consulter ; ou alors on ne le consulte que quand un énorme rocher nous bouche la route… mais souvent c’est bien tard.
Je parlerai alors d'abord de cette relation avec l’ingénieur en chef : Dieu; parce que je crois que de cette relation découlent de vraies pistes pour toutes les routes, pour tous nos chemins, pour toutes nos formes de relations.
Notre texte est réaliste sur la situation de notre monde: si déjà avec le texte d'Esaïe, repris par Jean le baptiste , on nous affirme qu' il y a des vallées, ces énormes fossés qui séparent les hommes, qui les séparent de Dieu; s'il est dit qu'il y a des montagnes et des collines qui représentent bien nos soucis qui nous paraissent parfois insurmontables; s'il est bien mentionné qu'il y a bien des choses tortueuses; si Jean nous rappelle bien qu'il y a des chemins raboteux, c'est bien que Dieu prend en compte ces réalités parfois si difficiles à vivre. Dieu, chef de notre propre chantier, celui de notre vie, ne se leurre pas sur nos problèmes, quels qu'ils soient. Et si Dieu envoie son propre fils pour combler les vallées de nos difficultés, pour abaisser toute montagne qui divise, pour redresser les moments tortueux de notre vie, pour aplanir les chemins raboteux de nos existences, comment peut-il aujourd'hui ne plus se préoccuper de nous?
C'est alors à nous de prendre, de reprendre contact avec Dieu. A nous d'accepter cette réconciliation qu'il propose à chacun d'entre nous. Etre réconcilié avec Dieu, pouvoir lui parler librement; pouvoir espérer en lui, pouvoir compter sur la lumière de sa présence et de sa sagesse dans tous les plans, même au plus profond de nos désespoirs, voilà bien la première des choses que nous pouvons accepter dans nos vies. "Préparez le chemin du Seigneur" consiste certainement d'abord à lui tracer un chemin dans nos propres vies, à l'accueillir en croyant qu'Il conduit toujours l'humanité malgré tout ce que nous n'arrivons pas à comprendre.
Ouvrir sa vie au Dieu de Jésus-Christ, c'est alors s'ouvrir à des chemins jusqu'alors inconnus, des chemins d'apaisement jusqu'au plus profond de la souffrance; des chemins d'espérance même quand tout espoir semble perdu. Dieu est l’architecte de bien des possibilités, et cette préparation des chemins commence tout d'abord par une invitation véritable de Dieu dans nos vies.
De là découle une véritable espérance, faite de solutions qu'à vues humaines nous avons du mal à envisager; des solutions de réconciliation; de reconstruction même quand tout semble mort; des possibilités de renaissance de l'amour; des possibilités de pardon.
Alors, avec cette force qui nous vient de Dieu, avec cette assurance que l’ingénieur chef veut nous guider sur notre route, je crois nous sommes appelés, dans cette préparation des chemins du Seigneur, à nous réconcilier d'abord avec nous-mêmes ; nous sommes appelés à nous rendre compte que le chef nous fait confiance dans ces chemins à rendre droits, et plus plats.
On ne peut avoir de relations équilibrées, saines avec les autres si l'on se mésestime en permanence; si l'on n'a plus confiance en soi; si l'on a l'impression de louper tout le temps sa vie; ou si, au contraire, l'on se voile sans cesse la face en accusant les autres de notre mal-être parce qu'on est trop fier pour regarder la réalité en face. Dieu nous appelle à prendre conscience que chacun d'entre nous est une de ses créatures; et se mésestimer, se trouver nul; se voiler la face sur ses propres problèmes, c'est offenser le créateur lui-même!!
Dieu peut nous aider à retrouver une dignité, une joie de vivre, un sens, sur une route, avec une route passionnante à vivre. Dieu peut nous aider aussi à accepter son pardon dans notre vie; à accepter nos difficultés réelles pour les dépasser; nous surpasser.
Chacun d’entre nous a à ses yeux de la valeur ; et chacun d’entre nous, après avoir accepté que Dieu l’ingénieur soit dans notre vie pour nous guider sur notre propre route, oui, chacun d’entre nous est appelé, avec les autres, à bâtir la route de l’humanité, et à mettre la main au chantier : l’un sera appelé à enlever des cailloux, ceux qui blessent l’humanité, ceux qui font reculer la paix, ceux qui font trébucher l’humain et le font tomber au lieu de le relever ; l’autre sera appelé à fleurir les bords de la route : appelé à mettre des couleurs dans la vie des autres, un peu de joie, un peu de chaleur humaine, un peu de bonheur, un peu de cette réjouissance qui encourage les autres ; un autre sera appelé à enlever le sable, celui qui voile le regard des autres sur la situation du monde et de ses habitants ; un autre encore sera appelé à baliser la route, pour apporter une réflexion éthique et aider les uns et les autres à discerner le bon du mauvais ; tel autre mettra des panneaux de signalisations, ceux-là même qui permettent aux uns et aux autres de vivre dans le respect des autres. L’un mettra à disposition des alcootests, pour encourager d’autres à se respecter aussi eux-mêmes ; d’autres proposeront du carburant, gratuit, inégalable et jamais égalé pour avancer dans la vie, le carburant de la Parole de Dieu ; quand d’autres proposeront visites et « contre-visites » pour encourager les découragés !!
Et puis, il y en aura certains pour mettre le revêtement : un revêtement anti-pluie, celui qui permet aux hommes et aux femmes de ne pas faire d’aquaplanage, ces glissades incontrôlés qu’on appelle aujourd’hui accident de la vie ; un bon revêtement solidaire ; certains s’emploieront à laisser et protéger au bord de la route de la vie ce qu’on appelle les mauvaises herbes, ces choses qui paraissent inutiles parce qu’elles ne sont pas rentables, mais qui assurent pourtant de la diversité, de la couleur, du gratuit.
Certains se sentiront appelés aux éclairages : mettre de la lumière, pour encourager, pour égayer, pour éclairer tout simplement et en aider d’autres à continuer leur route avec plus d’assurance.
D’autres seront ces aires d’autoroutes, proposant un instant de repos, de ressourcement, d’arrêt ; ces aires de repos, ce seront les artistes, les conteurs, les peintres, les musiciens, les passionnés qui seront chargés de ces moments précieux, nécessaires.
Je vous l’avais dit : chacun d’entre nous est appelé, avec ses dons, à préparer le chemin du Seigneur, pour que, quand Il reviendra, Il dise : ça c’est de la route !
Appelés à être les routards de Dieu, à la rencontre des autres, pour les autres, avec les autres.
L'amour de Dieu, sa présence, nous invitent à un comportement différent. A un changement d'attitude radical vis-à-vis de l'autre.
Tout d'abord, cet amour nous appelle à laisser tomber nos fiertés, nos égoïsmes, nos envies d'être le plus fort , le plus intelligent, le plus raisonnable. Celui qui doit toujours avoir le dernier mot. Et à découvrir le mot "pardon".
Faire confiance en Dieu, préparer son chemin dans nos vies, c'est changer radicalement tout cela. C'est arrêter de s'enfoncer dans les querelles familiales en croyant toujours qu'on a de bonnes raisons de bouder. C'est arrêter de croire que les solutions aux difficultés familiales ou conjugales sont dans la fuite plutôt que dans la discussion et la prière.
Faire confiance en Dieu et lui remettre sa vie, c'est arrêter nos jugements, nos persifflages, nos mesquineries; pour laisser place à l'amour; à la reconstruction; à la politesse vraie; au sourire engageant. Rétablir de vraies relations avec les autres, c'est arrêter de se croire le centre du monde en prônant un individualisme exacerbé. Nous sommes entourés de créatures de Dieu; à nous de les respecter comme telles; en se comportant correctement sur la route; en ayant une éthique de vie qui respecte les autres non plus avec les règles de la loi du plus fort, mais avec des règles de respect dus à l'amour.
Aucun d'entre nous ne peut se sentir non concerné par cela. C'est à chacun d'entre nous d'ouvrir une porte à l'autre: porte d'écoute; porte de sympathie; porte d'encouragement; porte de réconciliation, qui mettent à bas nos fiertés destructrices.
"Préparez le chemin du seigneur"; Croyez-vous que nous le pourrons? Croyez-vous que nous réveillerons notre intelligence d'enfant de Dieu pour mettre à bas notre égocentrisme et nous ouvrir à Dieu; nous ouvrir à nous-mêmes; nous ouvrir aux autres en tant que mutuellement nous pouvons nous apporter des choses merveilleuses ?
C'est un pari à prendre. Vraiment, à la lumière de Jésus-Christ, il est grand temps de préparer le chemin du Seigneur. Et pas forcément une autoroute, qui rase tout pour être le plus uniforme possible : pourquoi pas préparer un joli chemin dans la campagne, vous savez, celui qui sent la noisette, et où chacun pourra avancer dans la joie du printemps. Ce chemin, il est à bâtir. Pas demain, ni plus tard. Aujourd'hui.
Amen !
Nathalie Paquereau.