Prédications Protestantes dans les Alpes du sud 

DIMANCHE 08 avril 2007

Culte du Dimanche de Pâques à Gap (05000)

Lectures du jour :

- Matthieu 28, 1-10

- Actes 10, 34-43

- Colossiens 3, 1-4

La résurrection, vous y croyez ?

Honnêtement, qui croit encore à la résurrection ? On entend souvent maintenant de la part de chrétiens que tout ça, c’est des histoires de contes de fées !!! C’est à reléguer au rang de Blanche-neige ou de la belle au bois dormant qui se réveillent avec un baiser…Qu’il est gênant, ce Dieu qui ne fait pas comme les autres !!

Qu’Il est gênant pour nos pensées rationnelles, ce Christ qui n’est plus dans son tombeau !!

En ce matin de Pâques, je voudrais simplement vous montrer ce que croire en la résurrection peut changer dans nos vies.

-Pour cela, nous nous arrêterons dans un premier temps sur les personnages en présence dans ce récit rapporté par Matthieu.

-Puis nous verrons en quoi la position différente de ces personnages crée des conséquences bien différentes dans leur vie.

-Enfin, je vous proposerai, aux vues de ces conséquences bien différentes… de choisir votre « camp » !

Dans ces versets du chapitre 28, bien peu de monde est là ; peu de monde pour un « non-événement » : Marie de Magdala, et Marie, mère de Jacques ; puis l’ange du Seigneur, et enfin des gardes, dont on ne sait le nombre exact.

Les deux Marie viennent, nous dit le texte, pour visiter le sépulcre. Ici, pas d’allusion à un quelconque rite mortuaire avec les aromates rapporté par Marc et Luc. Juste une visite à un mort, à leur mort. Il faut dire que tout s’est fait si vite ; le sabbat interrompant toute possibilité de commencer un travail de deuil, ces femmes retournent, peut-être pour se rendre bien compte, en voyant le corps, que l’histoire est bel et bien finie…

Là, un ange du Seigneur apparaît, dans les règles de l’art de manifestation de Dieu déjà dans le premier testament : tremblement de terre, aspect de l’éclair, robe blanche comme neige. C’est surement lui dans l’histoire qui nous dérange le plus !!! Que Dieu se manifeste à Abraham sous forme de trois anges, passe ; qu’Il se manifeste à Moïse dans un buisson ardent, passe encore; qu’Il manifeste sa volonté par le don de deux tables de pierre écrites de sa main, allez, c’est sympathique comme récit.

Avez-vous remarqué d’ailleurs pourquoi il est là ? Il roule la pierre, certes, mais pas pour laisser passer Jésus !!! Il roule la pierre non pas pour laisser faire la résurrection ! La résurrection, elle a déjà eu lieu !! L’ange roule la pierre pour faire voir aux femmes…qu’il n’y a rien à voir !!!! « Venez voir le lieu où il gisait »… Ce n’est pas « circulez, y a rien à voir » mais presque !!!

Enfin, il y a des gardes. Pourquoi des gardes ? Peut-être pour qu’on en finisse une fois pour toutes avec cette histoire qui a fait du bruit, qui a embêté toutes les autorités, qu’elles soient juives ou romaines…

Toujours est-il qu’ils sont là ; on n’en connaît d’ailleurs pas le nombre.

Et apparemment, ils n’ont pas été alertés par quoi que ce soit auparavant…Soit la résurrection s’est faite dans un grand silence ; soit leur nuit a été bonne et leur sommeil profond !!!

Ce qu’il est intéressant de remarquer, c’est le décalage entre les motivations de départ, et ce qui se passe.

Ces femmes sont venues là avec une idée en tête, un plan bien défini : elles viennent voir un mort. Pour elles, ce qu’il est bien de faire, c’est d’aller voir ce mort qu’elles aimaient.

Et elles se laissent surprendre ; elles se laissent décaler entre ce qu’elles sont venues faire et ce qu’elles acceptent, que Jésus le crucifié soit Jésus le ressuscité.

Voilà très certainement une piste de réflexion pour nous :

Nous-mêmes avons bien du mal à nous laisser « décaler », à nous laisser surprendre. Pensons à notre vie :

Nous aimons tous avoir des repères, nos repères. Nous aimons planifier ; beaucoup d’entre nous n’aiment pas trop les surprises. Notre vie a besoin de ses repères, de ses régularités ; c’est bien pour cela d’ailleurs que souvent, les personnes d’un certain âge regrettent les habitudes, les us et coutumes du passé : étaient-elles réellement meilleures ? Peut-être pas ; mais elles correspondaient à des habitudes, à des repères.

Ces femmes se laissent bousculer. Elles auraient pu rester dans leur idée première, et elles mêmes auraient pu véhiculer l’idée qu’on a volé le corps de leur seigneur !!!

La résurrection va pourtant bouleverser leur vie. Et elles n’en ont à ce moment-là pas vu plus que nous !!! Elles ont vu qu’il n’y a rien à voir !!

Quelles conséquences pour ces femmes ?

Trois mots qui montrent la transformation : elles sont émues ; elles sont pleines de joie ; elles courent. Emotion ; joie ; course !!!

Regardons maintenant de plus près les gardes : l’ange tout d’abord ne s’adresse pas à eux. Est-ce à dire que la bonne nouvelle n’est pas pour eux ? Non !

Mais en premier lieu, c’est à ceux qui ont suivi Jésus que cette nouvelle s’adresse ; pour justement que la nouvelle de la résurrection soit véhiculée.

Mais arrêtons nous à leur réaction : le texte nous dit qu’ils tremblent de peur et qu’ils sont comme morts.

Que voient-ils à ce moment-là : avoir peur serait la moindre des choses ! Mais curieusement, le texte ne rapporte pas que les femmes sont aussi comme ça, apeurées et à moitié mortes !!

Voilà alors la différence entre les gardes et les femmes :

Pendant que les gardes sont « morts de peur », les femmes sont pleines de joie, et elles courent !!!

Pendant que les gardes sont statiques et enfermés dans leur peur, les femmes sont émues, et joyeuses, et leurs jambes…ont des ailes !!!

Alors que les femmes sont appelées à ne plus craindre, à être libérées de leur peur, et à aller, les gardes, eux, vont garder le silence sur ce qui s’est passé de l’argent et vont être chargés de véhiculer un mensonge, qui sera de dire que les disciples ont volé le corps…

Qui croit à la résurrection ?

A l’exemple de ces hommes, les gardes, et de ces femmes, Marie de Magdala et Marie mère de Jacques, voilà quelles peuvent être les conséquences de notre réponse concernant cette question :

Soit nous prenons la résurrection comme une fable, et je crois que nous risquons fort de rester enfermés dans nos uniques préoccupations humaines, parce que nous reléguons Dieu et Jésus-Christ au rang de belle philosophie mais pas au rang de Dieu des signes et de la présence ;

Soit nous croyons que Dieu est vrai, que Dieu est tout-autre, capable de lever les morts, capable de vaincre la mort, et là , nous troquons nos peurs, nos angoisses, pour un présent et un avenir d’espérance, pour une audace que le monde n’a pas, pour une vision du monde autre.

Oui, soit Dieu est juste une habitude familiale, un petit rite, mais totalement dépouillés de la dimension relationnelle et grandiose que le Dieu de Jésus Christ nous propose ; et là, notre vie risque d’être petite, parce que nos préoccupations seront bien humaines, et nous ne serons pas différents de toutes ces personnes du monde qui ne vivent que dans la peur, et sont quelque part déjà à moitié morts ; soit Dieu est, ou va devenir pour nous un Dieu de vraie relation ; un Dieu surprenant ; un Dieu qui veut échanger nos peurs contre de la joie ; nos tétanies contre la course qui fait avancer.

Je vous le dis, croire en la résurrection n’est pas une carotte pour l’au-delà, c’est une manière d’envisager la vie ici bas, et dès maintenant.

Si le Christ est vraiment ressuscité, alors, TOUT peut ressusciter : la joie quand je suis abattue ; l’amour quand je n’arrive plus à aimer ; l’espérance, quand je ne vois plus comment m’en sortir ; la force de vivre quand tout m’apparaît noir ; l’audace quand tout paraît perdu ; les pas en avant quand on n’arrive plus à bouger ; la reconstruction quand on a été brisé. Je vous le dis : TOUT peut ressusciter ; et pas que par la force de notre pensée ; par la force de Dieu, en Jésus-Christ. Oui, des épreuves, chacun en subit ; oui, Christ n’a pas évité la croix, la mort, l’horreur. Mais soit on s’arrête à cet épisode, et notre vie va ressembler horriblement à ce goût de mort ; soit on intègre l’épisode suivant, la résurrection, et le Christ qui nous a promis d’être avec nous tous les jours ( un mort pourrait-il le faire ?!!!) est vraiment celui qui peut nous relever, nous faire relever la tête ; nous faire reprendre confiance après une preuve, nous faire aimer la vie qui est bonne, belle, goûteuse , savoureuse, enthousiaste lorsque le Dieu vainqueur est invité dans nos vies.

« Voici, dit le Seigneur, j’ai mis devant toi la mort et la vie. Choisis la vie ».

La résurrection, vous y croyez, vous ?…. !!!!!!

Amen !

Nathalie PAQUEREAU