Prédications Protestantes dans les Alpes du sud
DIMANCHE 6 juillet 2014
Culte à Trescléoux-05700

Textes bibliques:
Zacharie 9, 9-10
Matthieu 11, 25-30
Romains 8, 9-15
Mon joug est doux…
Nos lectures de ce matin commencent par un oracle, une proclamation à destination de qui veut l’entendre, du prophète Zacharie.
Cet oracle vous le connaissez, il annonce, 3 siècles avant la naissance de Jésus, la venue du Messie, ce roi libérateur, humble, juste, pacifique, attentif à tous les perdants de la terre « Il annoncera la paix aux nations » à qui il apportera consolation. Grâce à lui ils prendront leur revanche sur les puissants, les dominateurs.
Voilà ce qu’on appelle un discours messianique, prononcé en général en des temps difficiles pour le Peuple, dans un pays souvent occupé par les puissances qui l’entourent, suscitant chez lui un regain d’espérance, discours que l’on retrouve chez tous les petits prophètes qui clôturent l’A.T., en particulier chez Sophonie, qui annonce le salut pour le « petit troupeau » resté fidèle, contrairement aux élites qui se sont compromises avec l’occupant.
Si les prophètes ont annoncé où il apparaîtra (à Bethléem –Michée 5,1), ils ne disent ni qui sera ce Messie, ni quand il viendra. Alors chaque fois qu’un libérateur arrive, le peuple croit voir en lui le Messie : par exemple Cyrus, puis Alexandre le Grand, espérance bien vite déçue, si bien que s’installe chez le peuple juif, une attente, de plus en plus forte à mesure que le temps passe, attente qui prend des formes mystiques et qui se confond avec l’attente des fins dernières et l’avènement du nouveau Royaume, ce qui donnera naissance à ce qu’on appelle la littérature apocalyptique.
Et Zacharie n’en reste pas là : au chapitre 11, il parle d’un berger conduisant un troupeau de brebis misérables, qu’il conduit avec sa houlette nommée « Grâce »
Au chapitre 12, il annonce un fils unique transpercé, par lequel sera répandu un esprit de « Grâce ».
Pour nous qui connaissons la fin (provisoire) de l’histoire, l’identification de ces prophéties concernant le Messie à la personne de Jésus est évidente, mais pour ses contemporains, c’était plus compliqué.
Matthieu, ce juif instruit, est totalement imprégné de ces prophéties, et notre lecture de Matthieu ce matin le confirme : il inscrit le ministère de Jésus dans la continuité de ces prophéties.
Et nous en venons au texte de Matthieu, ces 5 versets. Il s’agit là aussi d’un oracle. Une proclamation à haute voix, contrairement à son habitude où Jésus « se met à l ‘écart pour prier son Père ». Ici, pas question de prière à l’écart car il faut que tout le monde entende :
Dans ce court discours, Jésus s’adresse en fait à 3 interlocuteurs différents :
Les choses cachées
* En premier lieu, à son Père : « je te loue, Père, car tu as caché ces choses aux sages. »
Mais quelles sont ces « choses » ? Il faut revenir un peu en arrière :
Au chapitre 10, Jésus envoie ses disciples vers les « brebis perdues d’Israël » pour leur dire « Repentez-vous, le royaume des cieux s’est approché de vous », il les prévient : ils risquent d’être maltraités dans les synagogues. Lui, il va dans les villes de Galilée, faisant des miracles, annonçant qu’il est le Fils de Dieu qui donne la Vie, mais ces villes ne le reconnaissent pas comme Seigneur et se repentent pas.
Jésus exprime dans cette oraison, la leçon qu'il tire de cet échec face aux élites de ces villes au cœur endurci. En revanche, son succès devant les petits, les enfants, explique sa phrase : Dieu, par Jésus, révèle aux « petits » ce qu'il tient caché aux sages : L’ordre naturel du Monde est bouleversé : les exclus ce ne sont plus les petits, les humbles, le bas peuple, mais les sages, les intelligents, détenteurs du pouvoir.
Classiquement, la sagesse et l'intelligence sont, dans la Bible comme ailleurs, citées comme des vertus. Ici, utilisée négativement par Jésus, dans sa pratique habituelle d’inverser les valeurs, l'expression vise non pas la connaissance elle-même, mais l'orgueil de la connaissance.
Car on ne verrait pas bien comment justifier que les 'lettrés', tout comme les riches, seraient en tant que tels exclus : Non, ce sont eux-mêmes qui s’excluent du message de salut du Christ, car ils raisonnent, ils privilégient le savoir sur le croire, en tirent une « légitime » autosatisfaction et de fait celui qui dira « moi, je sais », avec le rictus dédaigneux qui convient, dominera toujours celui qui dira « moi, je crois ».
Et l’apôtre Paul résume très bien ce dont il s’agit, en1 Cor 8, 1. :
«La connaissance enfle, mais l’amour édifie. Si quelqu'un croit savoir quelque chose, il n'a pas encore connu comme il faut connaître. Mais si quelqu'un aime Dieu, celui-là est connu de lui.»
Le ministère public de Jésus, à tous vents, dans les maisons et sur les places, d'une ville à l'autre, accueillant quiconque vient à lui, librement et sans condition ni formation préalable, va radicalement à l'encontre de cette règle qui régit le monde depuis la nuit des temps : Le pouvoir détenu par ceux qui savent au détriment de ceux qui ignorent. Son message, qui crée une brèche dans ce bel ordonnancement, atteint ceux qui, en d'autres cercles ou selon les mœurs sociales de l'époque, en auraient été d'emblée exclus. Voilà qui renforce encore l'idée que la Bonne Nouvelle s'adresse à tous, est capable de toucher et d'atteindre quiconque l'écoute, sans exclusive. Qu'il fasse ou non partie des « sages » et des « intelligents » selon les normes édictées par nos sociétés.
Le fils du Père
Puis jésus réaffirme publiquement sa nature divine et la puissance qui va avec : « Toutes choses m’ont été données par mon Père », mais en même temps, il loue Dieu, qu’il appelle « Seigneur du ciel et de la terre » de l’accomplissement de son plan, Jésus ne se présente là que comme un exécutant, montrant ainsi que lui aussi pratique l’humilité qu’il prêche.
Puis il proclame : « Personne ne connaît le Père, si ce n'est le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler. » Il nous faut admettre que connaître Dieu nous est inaccessible, par nos recherches, nos études ou prétentions religieuses. Jésus est la seule voie d’accès pour nous le faire connaître, et cette voie d’accès passe par la croix, devant laquelle chacun est invité à s’incliner.
Jésus, en disant que son Père a révélé l'évangile de la bonne nouvelle aux enfants et non aux sages, nous rappelle que cette révélation de Dieu, dont nous parle toute la Bible, n’est pas une affaire de religion ou de connaissance de catéchisme ou d’études théologiques même si les Ecritures peuvent être elles aussi, un chemin pour rencontrer Christ. Mais cet Evangile est d’abord une grâce, un don de Dieu.
Le fils du Père
Puis jésus réaffirme publiquement sa nature divine et la puissance qui va avec : « Toutes choses m’ont été données par mon Père », mais en même temps, il loue Dieu, qu’il appelle « Seigneur du ciel et de la terre » de l’accomplissement de son plan, Jésus ne se présente là que comme un exécutant, montrant ainsi que lui aussi pratique l’humilité qu’il prêche.
Puis il proclame : « Personne ne connaît le Père, si ce n'est le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler. » Il nous faut admettre que connaître Dieu nous est inaccessible, par nos recherches, nos études ou prétentions religieuses. Jésus est la seule voie d’accès pour nous le faire connaître, et cette voie d’accès passe par la croix, devant laquelle chacun est invité à s’incliner.
Jésus, en disant que son Père a révélé l'évangile de la bonne nouvelle aux enfants et non aux sages, nous rappelle que cette révélation de Dieu, dont nous parle toute la Bible, n’est pas une affaire de religion ou de connaissance de catéchisme ou d’études théologiques même si les Ecritures peuvent être elles aussi, un chemin pour rencontrer Christ. Mais cet Evangile est d’abord une grâce, un don de Dieu.
Venez à moi
Et nous en venons à la fin de son oraison. Jésus se tourne vers « les plus petits de [ses] frères », comme il le dira en Matthieu 25 en évoquant ceux qui ont faim, ceux qui sont des étrangers, ceux qui n'ont ni habits ni maison, ceux qui sont malades, ceux qui sont en prison. Jésus s'adresse à nous tous, et nous appelle : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. » Jésus nous appelle dans nos faiblesses, dans nos pauvretés.
Mais le discours qui suit est étrange : « Prenez mon joug sur vous et écoutez mes instructions... car mon joug est aisé, et mon fardeau léger. », car il parle aussitôt de nous charger d'un joug nouveau. Jésus nous dit en somme, dans un premier temps : « Venez à moi, vous tous qui peinez, vous tous qui êtes surchargés, vous tous qui êtes tendus dans l'effort religieux, dans la crainte et l'angoisse de vivre comme de mourir. Vous tous qui êtes brisés par la vie, par la maladie. Vous tous qui vivez dans la peur ou l'amertume. Vous tous qui n'avez pas ou plus d'espérance. Vous tous qui n'avez pas d'amour, c'est-à-dire qui n'êtes pas aimés ou qui n'arrivez pas à aimer. Venez à moi, et je vous permettrai de souffler. Je vous donnerai le repos, la paix intérieure. Et vous retrouverez vos forces. Vous repartirez gonflés à bloc.
Oui, mais aussitôt après, Jésus nous dit : « Donc, vous allez pouvoir reprendre du service. Vous pourrez prendre mon joug sur vous. Car vous n'êtes pas fichus. Vous n'êtes pas finis. Il y a encore un tas de choses à faire, qui vous attendent. Prenez mon joug sur vous et je vais vous conduire, je vais vous apprendre le métier de fils, le métier d'enfants de Dieu. Vous verrez que je suis doux et humble de cœur. et vos âmes seront rassasiées. » Ce n'est donc pas à un repli que Jésus nous appelle en nous donnant son repos, mais à une ouverture, une aventure à vivre avec Lui.
Voilà ce qu’il y a derrière ces paroles de Jésus, étonnantes et inattendues. Et là se trouve peut-être le secret de cet évangile, de cette bonne nouvelle. Pour nous décharger de nos poids impossibles, Jésus ne trouve d'autre remède que de nous charger d'un poids supplémentaire qui est le sien. Mais il est léger, dit Jésus. Sans doute parce qu'il le porte avec nous. Qu'il marche avec nous. Et que nous savons que le chemin que nous suivons avec lui est celui qui conduit au Royaume de Dieu.
Conclusion
Déposer nos poids trop lourds, c'est aussi accepter que les remords ou les regrets que l’on porte dans notre sac n'encombrent plus notre avenir. Dieu a décidé une fois pour toutes, par le pardon qu'il nous donne de nous en débarrasser et d'en porter pour nous tout le poids. Il a décidé que le passé ne devait plus être un obstacle. Il se charge lui-même d'en assumer le poids et il place devant nous des projets qui font vivre. C'est cela qu'on appelle l'espérance. L'espérance, c'est la puissance de vie que Dieu met en nous et avec laquelle nous construisons notre destin.
Amen !
François PUJOL