Prédications Protestantes dans les Alpes du sud
Mercredi 17 octobre 2007
Culte d’actions de grâces, Décès de Mme Léonor P.
Trescléoux (05700)
Textes bibliques :
Luc 8,40-56
Psaume 23
« Ne crains pas, crois seulement »…
Un homme important, un juif renommé, vient de perdre sa fille. Elle est morte.
Quoi de plus atroce que de perdre un enfant ?
Et cet homme, Jaïrus, était venu solliciter Jésus, lui demander son aide. Cet homme, ce père, n’avait plus rien à perdre ; même pas son honneur et son poste de chef de la synagogue.
Il était venu demander la guérison ; et juste après avoir supplié Jésus, on vient lui apprendre que sa fille est morte et qu’il faut maintenant laisser Jésus retourner à son enseignement et le laisser tranquille.
De ce passage, et devant le cercueil qui symbolise mieux que tout la mort, la mort à laquelle nous sommes tous confrontés, pour nos proches, nos voisins, nos amis, nos parents, et in fine nous-mêmes à un moment plus ou moins proche, je voudrais partager quelques pistes de réflexion pour nous, pour nous vivants, présents aujourd’hui.
Tout d’abord, Jésus dit exactement : « N’aies pas peur ».
N’aies pas peur.
Vous imaginez, ce père, en train de perdre la chair de sa chair, à qui on dit : « N’aies pas peur » ?
Pourtant, comme elle est importante cette phrase !!
La peur, c’est ce qui nous paralyse, tous. Il y a de petites peurs, et des grandes peurs. Toutes ces peurs nous empêchent d’être, d’avancer, de nous lancer dans la vie, d’avoir des projets.
Quelles peurs, me direz-vous ?
Mais notre société en est pétrie !! Peur de perdre son travail ; peur de manquer ; peur de vieillir ; peur de souffrir ; peur que son conjoint ne s’en aille ; peur des autres, ceux qui sont différents, peur que ses enfants ou petits-enfants ne se droguent ; peur de la maladie ; peur de la mort, celle des nôtres, la nôtre.
Et savez-vous quelle est la conséquence majeure de la peur ? C’est l’inertie.
La peur, elle nous paralyse ; elle nous empêche de bouger, elle nous empêche de vivre, elle nous empêche d’aimer, elle nous empêche de tenter, elle nous empêche de parler et d’échanger.
« N’aies pas peur », dit Jésus. N’aies pas peur.
Mais l’humanité entière aimerait ne plus avoir peur !! c’est bien facile, penserez-vous, de dire juste « n’ai pas peur ».
Oui, pour avancer dans la vie, dans les projets, dans le sens que l’on a de sa vie, dans la construction et la mise en place de projets qui rendent à l’homme toute sa dignité, oui, il est nécessaire de ne plus avoir peur de cette peur paralysante.
Et là, Jésus Christ rajoute, « crois seulement ».
Là encore, facile direz-vous ; ça y est, on nous propose la « foi du charbonnier », où il nous faut accepter tout comme venant de Dieu, où il nous faut entrer dans une sorte de fatalisme.
Et bien certainement pas.
« Crois seulement », c’est quoi alors ?
Ce « crois seulement », c’est dire à Dieu : « oui, je veux te faire confiance ; oui, je veux croire que ce monde n’est pas cyclique mais il marche vers quelque chose de bon, de très bon ; oui, je veux croire avec toi que toi Dieu, tu as créé l’humanité pour son bonheur, son épanouissement ; oui, je veux croire que ce que le Christ a dit : « celui qui croit en moi a la vie éternelle » ; oui, je veux croire que je ne suis plus tout seul dans mon coin à gérer ma petite vie individuelle du mieux possible en attendant que mon corps ne se désagrège.
Croire, et croire seulement, c’est effectivement placer sa confiance en ce Dieu dont Jésus dit : « Dieu a tellement aimé le monde qu’Il a envoyé son Fils afin quiconque croit en lui ait la vie éternelle ».
Oui, mais alors, cette vie éternelle, c’est quoi ? Une jolie petite carotte, où Dieu nous dirait comme à des petits enfants : « si tu as été bien sage, le jour où tu mourras, tu auras une jolie petite surprise ? »
Mais savez-vous que sans Dieu, nous sommes déjà morts ? non pas que Dieu le veuille !oh ! Non, chaque vie compte pour Lui. Sans le Christ, nos vies sont pétries de peur, qu’on le veuille ou non ! Sont pétries d’angoisse ; pétries de solitude ; pétries d’individualisme qui nous fait ressembler à une meute de loups.
Sans Dieu, nous sommes déjà morts !! morts à la vraie vie.
Vous allez penser que j’y vais un peu fort.
Pourtant, cette phrase « celui qui croit en moi a la vie éternelle », c’est ici et maintenant qu’a lieu cette promesse : il n’est pas écrit : « celui qui croit en moi aura la vie éternelle » ; il est bien dit par le Christ » celui qui croit en moi A la vie éternelle », textuellement « la vie à jamais ».
Et ne plus avoir peur de la mort, je vous assure, ça change la vie !
Alors, oui , devant le cercueil de Mme Pujol, j’ai cette assurance pour elle qu’elle était déjà dans la vie éternelle, parce qu’elle a cru, parce qu’elle a placé sa confiance en le Dieu de Jésus-Christ.
Croire, placer sa confiance en Dieu, ça ne veut certainement pas dire qu’on va tout comprendre ; encore moins qu’on sera épargné par le malheur, la souffrance, la maladie, la séparation.
NON ! Croire, c’est être certain que le mal, la souffrance n’ont pas le dernier mot sur la vie. C’est être certain que nous ne sommes pas le fruit du hasard mais un être voulu, aimé par Dieu.
Croire, c’est comprendre que notre vie a du sens, et qu’elle peut, même petitement, améliorer ce monde ; pour un monde plus fraternel ; pour un monde plus juste ; pour un monde qui aime ; qui s’aime.
Et dans cette entreprise, il y a le Christ. Pas lointain, tout proche, qui nous prend la main, qui nous encourage, qui nous relève, qui nous fait sentir qu’après l’échec il y a toujours la reconstruction possible.
Qui nous dit : « venez à moi, vous tous qui êtes fatigués, et je vous donnerai du repos » .
« Ne crains, pas ; n’aie as peur, crois seulement ». La vie éternelle, la vie à jamais a été donnée il y a bien longtemps à Mme Pujol, lorsqu’elle a dit oui au Seigneur ; oui, je veux marcher avec toi ; oui, j’ai envie de vivre avec espérance ».
La vie éternelle est offerte à tous ceux qui ont envie de dire « oui, je ne sais pas tout ; je ne comprends pas tout ; mais j’ai envie de te connaître, de marcher avec toi, de te faire confiance ».
Et je vous assure, la vision de la vie n’est plus du tout la même ; la vision de la mort non plus.
Vous me direz, c’est aussi assez facile de dire cela devant le cercueil de la mère de quelqu’un d’autre.
Il y a 4 ans, j’ai fait le service d’enterrement de ma propre mère, partie bien trop jeune ; et je crois que j’avais la même joie qu’aujourd’hui, celle de l’assurance paisible, celle de l’espérance en cette vie à jamais. C’est bien ça l’Evangile, qui veut dire « bonne nouvelle ».
Et je peux vous dire que cette foi, elle nous enlève nos peurs paralysantes, elle nous dégage de nos échecs qui n’ont plus le dernier mot, elle nous relève dans nos frilosités relationnelles avec les autres.
Bref, la vie éternelle, c’est aujourd’hui, accompagnés d’un Dieu d’amour qui veut changer notre cœur et notre regard sur le monde.
La foi est un pari. L’amour aussi. Pourquoi ne pas le prendre.
« N’aie pas peur. Crois seulement ».