Prédications Protestantes dans les Alpes du sud
Dimanche 09 décembre 2012
Trescléoux (05)
Lectures du Jour :
Esaïe 60, 01-11
LUC 03, 01-06
Philippiens 1,04-11
Jean-Baptiste le précurseur
Frères et sœurs,
Vous aurez remarqué que régulièrement au cours de cette période de l’Avent nous sommes amenés à rencontrer Jean Baptiste, et son appel à la repentance, avec ses mots particuliers, son appel au baptême de conversion, de « changement radical » comme il est traduit dans les nouvelles versions de la Bible.
Ces épisodes de baptême, au bord du Jourdain, n’ont apparemment pas grand-chose à voir avec Noël, et pourtant !
Ne sommes-nous pas, en ce temps de l’Avent, en attente, en tension vers cet évènement unique et si fondamental pour l’Humanité, et chaque temps de l’Avent n’est-il pas un précurseur de cet événement que nous attendons tous chaque année : Noël, Emmanuel, Dieu avec nous ! Y compris dans ces calendriers de l’Avent où chaque petite fenêtre que l’on ouvre nous montre un signe précurseur de Noël.
Et J B est bien à sa place dans ce temps de l’Avent car s’il y a un précurseur, de la venue de Jésus, c’est bien lui :
La naissance de J B
Car dès sa naissance, il est le précurseur de Jésus : Sa conception est tout aussi miraculeuse que celle de Jésus, rappelons-nous cette double annonce de l’ange Gabriel à Elisabeth puis à Marie, qui se rend ensuite chez sa cousine Elisabeth, et au moment où elle franchit le seuil, J B tressaille dans le ventre de sa mère, puis Marie reste encore 3 mois en compagnie d’Elisabeth, jusqu’à son accouchement.
J B ne pouvait pas ignorer les circonstances de la naissance de son cousin, ni de la sienne, le vieux Zacharie son père retrouvant la parole pour lui donner son nom !
Tous ces évènements ne pouvaient que façonner un personnage singulier.
La période du désert
L’Evangile de Marc commence par le ministère de J B et le premier verset cite Esaïe 40. Oui, J B est bien le précurseur. Mais auparavant il aura passé quelque temps dans le désert.
Tout le monde connaît J B, mais en réalité On n’en sait pas grand-chose. Luc à la fin du chapitre 1 dit seulement ceci :
« Et toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très Haut; Car tu marcheras devant la face du Seigneur, pour préparer ses voies, afin de donner à son peuple la connaissance du salut par le pardon de ses péchés. Tu éclaireras ceux qui sont assis dans les ténèbres et dans l'ombre de la mort, pour diriger nos pas dans le chemin de la paix.
Or, l'enfant croissait, et se fortifiait en esprit. Et il demeura dans les déserts, jusqu'au jour où il se présenta devant Israël. »
Les déserts ! Cette référence au désert s’éclaira d’un nouveau point de vue lorsque furent découverts les manuscrits de la mer morte (Qumram) dans 11 grottes sur la rive Ouest de la Mer Morte, où l’on découvrit 900 manuscrits, que l’on rattacha à une communauté qui vivait sur les rives de la Mer Morte, les Esséniens.
Certains chercheurs firent assez rapidement le lien entre cette secte et J B, car son mode de vie (il se nourrissait de sauterelles), ses pratiques (le baptême), ses discours intransigeants, rappellent en effet les règles de vie très strictes des Esséniens, faites de jeûne et de prière.
Par ailleurs, on a retrouvé dans une jarre un rouleau de 7 mètres de long : le texte complet du livre d’Esaïe, dont la traduction rappelle mot pour mot un passage d’Esaïe de notre A. T. et l’annonce de J B concernant Jésus :
« Lorsque ces choses arriveront, qu’ils s’éloignent de la ville pour aller au désert afin d’y frayer la voie au Seigneur comme il est écrit : dans le désert, frayez la voie, aplanissez dans la steppe un sentier à notre Dieu. »
Même si aujourd’hui d’autres thèses sont avancées, on peut aussi imaginer, mais rien ne l’atteste, que c’est en compagnie des Esséniens, dans cette ambiance mystique, ascétique, que J B fut convaincu de la mission qu’il avait à accomplir :
Car le désert ce n’est pas le vide, c’est un espace préservé des brouhahas et de la confusion du monde, un lieu privilégié pour mesurer l’écart entre la condition humaine et la dimension divine : l’infini et l’éternité. Un lieu privilégié pour entendre l’appel de Dieu : annoncer le ministère de Jésus, appeler le peuple à la repentance, être le précurseur du Messie. Voilà quelles seront la mission et la destinée de J B.
La révolution de Noël
Ce court texte de ce matin, (les versets suivants sont également riches d’enseignements) propose une véritable révolution qui sera le thème permanent de l’enseignement de Jésus : La rémission des péchés ne vient pas de nous, mais de Dieu, à travers son fils Jésus, « Son fils bien aimé en qui il a mis toute son affection ».
C’est une révolution spirituelle que J B demande aux juifs, obsédés par le souci de leur pureté, s’adonnant pour y parvenir à de nombreuses ablutions rituelles, afin d’apparaître justes, sans reproches, sans tâches, au yeux de JHWH.
Avec J B, le baptême n’est plus un rite de purification, mais un acte de repentance, et dès lors c’est à une toute autre relation avec Dieu, et avec nos prochains qui nous est proposée.
Les fruits de cette repentance, seront l’aplanissement des sentiers, le comblement des vallées, dans un parcours de vie placé sous le signe de notre reconnaissance pour ce don reçu et non plus de la recherche de notre propre justification, établissant ainsi une nouvelle relation avec notre prochain, que nous pouvons laisser lui, grandir au lieu de chercher nous, à nous élever.
Et la conséquence ultime de cette repentance initiale sera que (3.6), « toute chair verra le salut de Dieu ».
Le message de Noël
Le voilà, le message de Noël, car cette promesse d’un salut qui nous est donné, c’est bien à Bethléem qu’elle prend forme, quelle prend corps.
Cette nouvelle alliance à laquelle nous adhérons, commence par notre génuflexion devant ce nouveau né, que nous reconnaissons comme Notre Seigneur et se terminera par notre génuflexion devant la Croix de notre Sauveur.
L’Avent est un itinéraire, une démarche de foi qui nous conduit à Jésus, mais on ne peut recevoir Jésus dans notre vie sans une disposition à la reconnaissance préalable de notre indignité, la confession de nos péchés. On devrait dire d’ailleurs notre péché, car réduire le péché à une série de fautes morales, c’est le détourner de son sens et réduire le pardon divin à un simple coup d’éponge de temps en temps.
Or c’est de tout autre chose qu’il s’agit : le péché est le propre de la condition humaine dans son incapacité à assurer par elle-même le bien commun voulu par Dieu, le péché c’est ce qui fait obstacle entre nous et Dieu, et la somme de nos incapacités, de nos indignités individuelles se traduit collectivement par le spectacle que nous donne l’Humanité, c’est pourquoi le salut de l’Humanité ne peut passer que par le retour de chaque individu en lui-même par cet acte de repentance : la repentance , le changement radical, le virage à 180°, la conversion.
Le temps de Noël est un temps privilégié pour effectuer ce bouleversement radical et laisser la grâce entrer en nous. J B « proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés ». Noël atteste ce pardon. Dans l'expérience de notre foi, dans la joie de l’espérance d’un salut possible pour l’Humanité.
Alors ce matin, que pouvons retenir de cette courte lecture des 6 premiers versets de Luc 3 ?
Et si ce matin, J B nous rappelait que nous aussi nous sommes des précurseurs, si J B nous appelait à sortir nous aussi de nos déserts, non pas ces lieux vides, mais ces lieux où nous sommes retranchés, pour mieux dialoguer avec Dieu, pour mieux écouter sa Parole, sortir de nos déserts pour aller vers les foules, qui, je vous le signale se pressaient autour de J B sans qu’il n’ait fait aucune campagne de communication, suivre l’exemple de Charles Cook, qui prêchait devant 2000 personnes à Nyons, en plein air, sur la place du marché.
Dans le verset qui suit immédiatement notre lecture, Jean-Baptiste ne commençait pas ses prédications, par « Chers frères et soeurs » ! Lui, il interpellait ses auditeurs par cette invective : « race de vipères » !
Je ne sais pas si cela nous ferait du bien de nous faire bouger de la sorte, mais peut-être qu’en ce 2° dimanche de l’Avent, ce texte, cette référence à J B est placée devant nous pour nous bouger, nous réveiller, nous secouer, afin qu’à la suite de l’ange nous allions en ce temps de l’Avent, proclamer à nos prochains, comme il le fit aux bergers :
« Je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera pour tout le peuple le sujet d'une grande joie: c'est qu'aujourd'hui, dans la ville de David, il vous est né un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur. »
Ce Seigneur, qui est né à Bethléem, reviendra bientôt,
« je reviendrai, et je vous prendrai avec moi, afin que là où je suis vous y soyez aussi. » (Jean 14, 1-3)
Voilà ce que nous avons à annoncer aujourd’hui. Mais c’est à nous, par notre fidélité, notre zèle, qu’il revient de hâter sa venue.
« Le Seigneur ne tarde pas dans l'accomplissement de sa promesse, comme quelques-uns le croient; mais il use de patience envers vous, ne voulant pas qu'aucun périsse, mais voulant que tous arrivent à la repentance. » (2 Pierre 3, 1-9)
Nous pouvons dès lors, comme les bergers, l’attendre dans la sérénité, la confiance et la joie.
Amen !
François PUJOL