Prédications Protestantes dans les Alpes du sud
2° Dimanche de l’Avent 10 décembre 2006
Culte à GAP (05000)
Lectures du Jour :
Psaume 126
Esaïe 40 versets 1 à 5
Luc 3 versets 1 à 6
Préparez les chemins du Seigneur
"Préparez les chemins du Seigneur"… En cette période de l'Avent qui guide nos pas vers Noël, nous allons réfléchir ensemble à notre façon d'être, celle qui est sans cesse à travailler pour devenir ce chemin par lequel le Seigneur va venir, va s'inviter.
Je vous proposerais au préalable une petite promenade au temps de Jean-Baptiste, notre prophète hirsute, dont notre texte de Luc ne dit pas d'ailleurs comment il était habillé ni quels étaient ses réjouissances culinaires, contrairement aux autre évangiles!!
Notre texte de Luc, vous l'aurez remarqué, commence par des détails d'ordre chronologique, inscrivant ce qui va suivre dans la réalité historique. Pas de début du genre "Il était une fois". Jean-Baptiste s'inscrit dans l'histoire, dans notre histoire. Nous ne sommes pas en plein domaine du mythe ou du conte.
Luc commence donc son chapitre 3 par une datation complexe, non du début du ministère de Jésus, ce qui pourrait être logique : en effet, notre calendrier démarre avec la date de naissance plus ou moins supposée de Jésus.
Jean-Baptiste, dans la tête de l'évangéliste, ne fait pas partie d'un passé révolu: au contraire, à partir de lui, Dieu inaugure une nouvelle ère, celle qui prépare les chemins, celle qui va connaître l'explosion d'amour de Dieu pour l'Homme!
Faire partir la chronologie de Jean-Baptiste, c'est aussi très certainement marquer l'importance cruciale de la renaissance de la prophétie!!
Souvent, il nous arrive de manifester notre incompréhension devant le silence apparent de Dieu ; nous avons l'impression que depuis Abraham, Dieu n'a cessé de se révéler, de parler aux uns et aux autres, de manifester clairement sa volonté. Et il nous semble alors que son silence depuis le temps des apôtres est tout à fait inhabituel.
Pourtant, un long silence sans prophète a précédé le ministère de Jean-Baptiste. Un temps de silence où le peuple a parfois eu l'impression que Dieu les avait abandonnés… Plus exactement, que Dieu ne menait plus l'humanité vers un but . C'est peut-être un peu cette impression que nous avons parfois…Pourtant, nous sommes dans le même schéma que ce peuple en attente. Dans ce temps qui paraît bien silencieux, Dieu prépare les choses. Dieu prépare le retour en gloire du Christ. Dieu ne dort pas.
Nous voici donc entre 27 et 29 après Jésus-Christ. Et donc Luc donne bien des précisions historiques: que Ponce Pilate était gouverneur ( une inscription nous apprend qu'il était préfet); on sait que la Judée faisait partie de la région confiée par Hérode le Grand à Archélaos, mais ce dernier fut si mauvais gouverneur que ses sujets adressèrent une pétition aux Romains pour qu'ils le révoquent, ce qu'ils firent en installant leur propre gouverneur , Pilate à ce poste de 26 à 36.
Luc nous parle aussi d'Hérode; c'est Hérode Antipas, fils d'Hérode le Grand. C'est lui qui gouvernait les territoires où Jésus vécut la plupart du temps.
Luc mentionne aussi Philippe, frère d'Hérode.
Voilà pour le cadre historique. Oui, Jean-Baptiste inscrit bien sa prédication dans l'espace (même s'il est désert!!) et le temps.
Luc ajoute ensuite des renseignements particulièrement importants pour les juifs, en faisant référence aux souverains sacrificateurs. Hanne fut ainsi grand-prêtre de 6 à 15 après Jésus-Christ année où il fut destitué. Caïphe, son gendre fut alors grand-prêtre dans la période qui nous intéresse, de 18 à 36. Hanne pourtant, même destitué, est noté par Luc de manière judicieuse: en effet, souvenez-vous, il est significatif que Jésus, après son arrestation, ait été d'abord conduit devant Hanne!!
Voilà donc le cadre précis historique dans lequel; dit Luc, "la parole de Dieu fut adressée à Jean". Cette expression est tout à fait semblable à celle utilisée par la version grecque de l'Ancien testament, la Septante, pour indiquer la façon dont les prophètes reçoivent leur message!!
Luc place Jean dans l'authentique lignée prophétique!!
Voilà pour le cadre historique. Oui, Jean-Baptiste inscrit bien sa prédication dans l'espace (même s'il est désert!!) et le temps.
Luc ajoute ensuite des renseignements particulièrement importants pour les juifs, en faisant référence aux souverains sacrificateurs. Hanne fut ainsi grand-prêtre de 6 à 15 après Jésus-Christ année où il fut destitué. Caïphe, son gendre fut alors grand-prêtre dans la période qui nous intéresse, de 18 à 36. Hanne pourtant, même destitué, est noté par Luc de manière judicieuse: en effet, souvenez-vous, il est significatif que Jésus, après son arrestation, ait été d'abord conduit devant Hanne!!
Voilà donc le cadre précis historique dans lequel; dit Luc, "la parole de Dieu fut adressée à Jean". Cette expression est tout à fait semblable à celle utilisée par la version grecque de l'Ancien testament, la Septante, pour indiquer la façon dont les prophètes reçoivent leur message!!
Luc place Jean dans l'authentique lignée prophétique!!
Nous en venons à Jean lui-même. Apparemment, il parcourait la vallée du Jourdain. Ici, donc, pas de détail vestimentaire ou alimentaire: Luc en vient directement à son message. Certainement estime-t-il que la phrase " la parole de Dieu fut adressée à Jean" suffit à faire comprendre que jean est vraiment un prophète. Pas un illuminé; pas un de ces farfelus comme notre monde en a toujours connu: un envoyé de dieu lui-même.
Alors, jean prêche de la part de Dieu un baptême de repentance, pour le pardon des péchés. Jean appelle les hommes à se détourner de leur péché, pour qu'ils obtiennent le pardon. Dans de nombreuses religions, le baptême (ce terme signifiant plonger) était un rite de purification.
Jean, dans son discours, reprend un passage d'Esaïe 40. Il ne semble se considérer lui-même que comme une voix qui prépare le chemin du Seigneur; et les images citées, les ravins comblés les sentiers aplanis décrivent clairement la préparation d'une route avant la venue d'un roi.
Cette préparation de la route culmine vers le but: "tous verront le salut - ou la gloire- de Dieu". Luc confirme son souci de mettre en évidence l'universalité de l'Evangile.
L'Evangile, la bonne nouvelle pour le monde entier: voilà bien ce que nous allons fêter avec Noël dans quelques jours.
"Préparez les chemins du Seigneur".
La question est alors de savoir si aujourd'hui encore, il nous faut préparer les chemins du Seigneur. A vue d'œil, tant que le ciel et la terre ne sont pas passés, cette préparation n'a rien de caduque!! Et elle n'a rien à voir avec les nids de poule qui jalonnent nos routes haut-alpines après les gelées de l’hiver !
Mais cette préparation a surement à voir avec les nids de poule de notre cœur!!
Jean met en relation cette préparation et le fait de se reconnaître pécheur.
Et deux mots importants sont dits: le mot repentance, et le mot pardon des péchés.
Voilà, me semble-t-il, une piste intéressante pour préparer les chemins du Seigneur.
Le péché, je le dis souvent, est synonyme de rupture.
Cette préparation des chemins nous amène certainement à une réflexion sur l'état de nos relations :
- Relation à Dieu
- Relation à soi-même
- Relation aux autres.
Le péché, c'est bien de se trouver en rupture avec Dieu, avec soi, avec les autres.
Et notre préparation des chemins du Seigneur va bien consister en un bilan de ces relations pour les travailler. Et là, un mot qui rejoint tous les autres peut être prononcé: le mot "réconciliation".
Lequel d'entre nous peut dire: "moi, avec Dieu, avec moi-même et avec tous les autres, tout baigne"?
Lequel d'entre nous n'a jamais la tentation de tourner le dos à Dieu pour de multiples raisons? Lequel n'a jamais eu la tentation de se trouver nul, inintéressant, au point parfois de se demander ce qu'il fait sur terre? ne nous arrive-t-il pas aussi de ne plus arriver à communiquer avec d'autres et de ne pas tout mettre en œuvre pour tenter un dialogue? Ne nous arrive-t il jamais d'avoir l'impression de nous retrouver dans une impasse?
Je parlerai alors d'abord de notre relation avec Dieu; parce que je crois que de cette relation découlent des solutions pour toutes nos formes de relations.
Notre texte est réaliste sur la situation de notre monde: si déjà avec le texte d'Esaïe, repris par Jean le baptiste , on nous affirme qu' il y a des vallées, ces énormes fossés qui séparent les hommes, qui les séparent de Dieu; s'il est dit qu'il y a des montagnes et des collines qui représentent bien nos soucis qui nous paraissent parfois insurmontables; s'il est bien mentionné qu'il y a bien des choses tortueuses; si Jean nous rappelle bien qu'il y a des chemins raboteux, c'est bien que Dieu prend en compte ces réalités parfois si difficiles à vivre. Dieu ne se leurre pas sur nos problèmes, quels qu'ils soient. Et si Dieu envoie son propre fils pour combler les vallées de nos difficultés, pour abaisser toute montagne qui divise, pour redresser les moments tortueux de notre vie, pour aplanir les chemins raboteux de nos existences, comment peut-il aujourd'hui ne plus se préoccuper de nous?
C'est alors à nous de prendre, de reprendre contact avec Dieu. A nous d'accepter cette réconciliation qu'il propose à chacun d'entre nous. Être réconcilié avec Dieu, pouvoir lui parler librement; pouvoir espérer en lui, pouvoir compter sur la lumière de sa présence même au plus profond de nos désespoirs, voilà bien la première des choses que nous pouvons accepter dans nos vies. "Préparez le chemin du Seigneur" consiste certainement d'abord à lui tracer un chemin dans nos propres vies, à l'accueillir en croyant qu'Il conduit toujours l'humanité malgré tout ce que nous n'arrivons pas à comprendre.
Ouvrir sa vie au Dieu de Jésus-Christ, c'est alors s'ouvrir à des chemins jusqu'alors inconnus, des chemins d'apaisement jusqu'au plus profond de la souffrance; des chemins d'espérance même quand tout espoir semble perdu. Dieu est le Dieu de bien des possibilités, et cette préparation des chemins commence tout d'abord par une invitation véritable de Dieu dans nos vies.
De là découle une véritable espérance, faite de solutions qu'à vues humaines nous avons du mal à envisager; des solutions de réconciliation; de reconstruction même quand tout semble mort; des possibilités de renaissance de l'amour; des possibilités de pardon.
Alors, avec cette force qui nous vient de Dieu, nous sommes appelés, dans cette préparation des chemins du Seigneur, à nous réconcilier d'abord avec nous-mêmes.
On ne peut avoir de relations équilibrées, saines avec les autres si l'on se mésestime en permanence; si l'on n'a plus confiance en soi; si l'on a l'impression de louper tout le temps sa vie; ou si, au contraire, l'on se voile sans cesse la face en accusant les autres de notre mal-être parce qu'on est trop fier pour regarder la réalité en face. Dieu nous appelle à un amour de soi-même non pas égoïste ou égocentrique. Il nous appelle à prendre conscience que chacun d'entre nous est une de ses créatures; et se mésestimer, se trouver nul; se voiler la face sur ses propres problèmes, c'est offenser le créateur lui-même!!
Dieu peut nous aider à retrouver une dignité, une joie de vivre, un sens. Dieu peut nous aider aussi à accepter son pardon dans notre vie; à accepter nos difficultés réelles pour les dépasser; nous surpasser. Avec son aide. Avec l'aide des autres.
Alors, ayant fait chemin dans notre vie pour que Dieu y réside; assumant ce que nous sommes avec nos difficultés, nos faiblesses, nos égarements, nos incompréhensions, nous en arrivons à nos relations avec les autres.
Le sujet est vaste. Il touche chacune de nos journées. Il touche des sujets épineux. Des difficultés familiales, des souffrances de couple; il rappelle des échecs; il réveille des comportements incontrôlés. Il secoue là encore nos fierté et nos envies d'avoir sans cesse le dernier mot; nos fiertés de croire que dans les soucis nous n'avons besoin de personne et que nous allons trouver la meilleure solution qui sera souvent catastrophique.
L'amour de Dieu, sa présence, nous invitent à un comportement différent. A un changement d'attitude radical vis-à-vis de l'autre.
Tout d'abord, cet amour nous appelle à laisser tomber nos fiertés, nos égoïsmes, nos envies d'être le plus fort, le plus intelligent, le plus raisonnable. Celui qui doit toujours avoir le dernier mot. Et à découvrir le mot "pardon".
Faire confiance en Dieu, préparer son chemin dans nos vies, c'est changer radicalement tout cela. C'est arrêter de s'enfoncer dans les querelles familiales en croyant toujours qu'on a de bonnes raisons de bouder. C'est arrêter de croire que les solutions aux difficultés familiales ou conjugales sont dans la fuite plutôt que dans la discussion et la prière.
Faire confiance en Dieu et lui remettre sa vie, c'est arrêter nos jugements, nos persifflages, nos mesquineries; pour laisser place à l'amour; à la reconstruction; à la politesse vraie; au sourire engageant. Rétablir de vraies relations avec les autres, c'est arrêter de se croire le centre du monde en prônant un individualisme exacerbé. Nous sommes entourés de créatures de Dieu; à nous de les respecter comme telles; en se comportant correctement sur la route; en ayant une éthique de vie qui respecte les autres non plus avec les règles de la loi du plus fort, mais avec des règles de respect dus à l'amour.
Chacun de nous doit se sentir concerné par cela. C'est à chacun d'entre nous d'ouvrir une porte à l'autre: porte d'écoute; porte de sympathie; porte d'encouragement; porte de réconciliation qui met à bas nos fiertés destructrices.
"Préparez le chemin du seigneur"; Croyez-vous que nous le pourrons? Croyez-vous que nous réveillerons notre intelligence d'enfant de Dieu pour mettre à bas notre égocentrisme et nous ouvrir à Dieu; nous ouvrir à nous-mêmes; nous ouvrir aux autres en tant que mutuellement nous pouvons nous apporter des choses merveilleuses?
C'est un pari à prendre. Vraiment, à la lumière de Jésus-Christ, il est grand temps de préparer le chemin du Seigneur. Pas demain, ni plus tard. Aujourd'hui.
AMEN !!
Nathalie Paquereau.