Prédications Protestantes dans les Alpes du sud 

DIMANCHE 26 août 2007

Le Villard * La Beaume (05140)

Lectures du Jour :

Esaïe 66, 18-21 (voir également méditation sous cette référence, le 21 Août 2016)

Luc 13, 22 – 30

Hébreux 12, 5-13

Dieu punit il ?

On peut être effaré de ces textes bibliques; ils ne correspondent en effet pas exactement avec l’image du Dieu « tout-amour » que nous concevons souvent. Voilà maintenant que le Dieu d’amour mettrait des gens à la porte, et en plus Il punirait !!! Allez, si on prenait un autre texte que celui proposé par la liste pour aujourd’hui ?!!!!

Et pourtant…Et si, dans ces textes-là aussi, il y avait une bonne nouvelle ? …Justement…ces textes sont peut-être là pour nous rappeler notre relation avec Dieu.

En effet, avez-vous déjà vu une quelconque relation d’amour durable où seulement l’une des deux parties aime sans condition l’autre ?Avez-vous déjà vu un couple qui tient solidement alors que seul l’un des deux travaille à entretenir cet amour ; parle à l’autre ; dit des mots d’amour et de tendresse à son conjoint ; cajole et prend soin de sa compagne ou son compagnon, tandis que l’autre est muet, absent, lointain ou distant ?

Avez-vous déjà seulement imaginé un père qui aime tendrement, profondément son enfant ; et cet enfant ne parle jamais à son père ; fait bien souvent le contraire de ce que son père pense être bien, n’en fait qu’à sa tête avec les autres ; et ce même enfant s’étonnerait de la tristesse et de l’éloignement de son père ?

Voilà alors bien le centre de nos textes de ce matin, qui peut sembler contraire à nos fondements protestants, mais ne l’est en aucun cas : l’amour, ça coûte !!!!!

Ah mais non, me direz-vous ! Le salut, c’est gratuit ! Alors si tu nous dis que ça coûte, on va tomber dans le salut par les œuvres !!!!Non !!!Quand vous dîtes à votre épouse, à votre compagnon « je t’aime », est-ce une œuvre ? Quand vous menez à bien avec celle, celui avec qui vous partagez votre vie, un projet, sont-ce des œuvres pour « acheter » votre couple ?

L’amour que nous sommes appelés à partager avec Dieu a, tout comme une histoire d’amour terrestre, des conséquences ; conséquences sur notre façon de penser ; conséquences sur nos actes , nos paroles. Oui, parfois, ça nous « coûte » ; parce que ça nous oblige à certains efforts, à certains choix, à certaines orientations. Mais toute relation nous oblige à cela ; à des choix, et parfois à des renoncements !!!J’aime mon conjoint ? Je renonce à me lier à d’autres personnes. J’aime mes enfants ? Je renonce à penser que je les ai « faits » pour moi, ou à ne penser qu’à moi et mes centres d’activité pour prendre du temps avec eux !!! Sont-ce pour autant des œuvres ? Non !!

Alors je dirai que ces textes sont la suite tout à fait logique du 1er commandement, qui est exigeant : « tu aimeras le Seigneur ton Dieu de Tout ton cœur, de Toute ton âme et de toute ta pensée ».Si ce commandement-là n’est pas exigeant… lequel le sera ?!!!!

Venons-en alors directement à notre texte rapporté par Luc.

Une question : « Seigneur, n’y a t-il que peu de gens qui soient sauvés ? »On sent une angoisse, une peur dans la question. Certainement un peu comme cette peur qui traversa le 16e siècle, peur de l’enfer, de ses flammes, du jugement de Dieu, de sa condamnation…

La réponse de Jésus peut paraître légaliste : « efforcez-vous… ».S’efforcer, mais sans être sûr ? S’efforcer…avec la peur au ventre ? Revenir aux peurs de fin de moyen âge ? S’efforcer, c’est puiser sa force. …souvenez-vous : « de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta FORCE et de toute ta pensée ». De toute ta force !!!!Aime Dieu ; aime –le vraiment. Mets en œuvre (il faut le dire !!) autant de force qu’il en faut que pour celle, celui qui partage ta vie et que tu ne veux pas perdre ! Aime ; mais aime vraiment ; ne te contente pas d’un petit coucou de temps en temps uniquement quand tu en as envie ou quand ça te fait du bien. Efforce-toi ; même quand, parfois, tu as autre chose à faire ; même quand, parfois, tu n’en as pas trop envie ; même quand, parfois, tu as quelque chose à lui reprocher…ou à te reprocher !!Parle-lui ; dis-lui ; partage-lui.

Un détail me marque dans ce récit rapporté par Luc ; Jésus dit : « alors vous commencerez à dire : nous avons mangé et bu devant toi, et tu as enseigné dans nos rues ».

Voilà certainement la clé de compréhension de ce texte : « Nous avons mangé et bu devant toi ». On est exactement dans la même situation que dans la parabole des noces, où l’un des invités reste à la porte et se retrouve dehors…Le texte dit bien : « nous avons mangé et bu DEVANT toi », et non pas « nous avons mangé et bu AVEC toi ». « DEVANT toi », et nous sommes au spectacle !! C’est à dire spectateur, et non pas acteur. On regarde, mais on ne s’investit pas ; on jette un œil, mais on ne bâtit pas .Au fonds, boire et manger devant lui, c’est rester en dehors des événements ; rester en dehors des choix nécessaires.

Pourtant, Dieu nous veut acteurs ! Acteurs de nos vies ; acteurs de cette merveilleuse, magnifique histoire d’amour. Pas juste « voyeur », passif, regardant juste par le trou de la serrure!!!Et la suite du texte : « tu as enseigné dans nos rues ».Oui, chaque dimanche, à chaque étude biblique, à chaque partage de sa Parole, le Dieu de Jésus-Christ enseigne, encore aujourd’hui, dans nos rues, dans nos bâtiments… est-ce pour autant que toute la ville de Gap en entend le message ?!!!Si le message du Dieu de Jésus-Christ n’entre dans nos cœurs et dans nos âmes, alors l’enseignement tombe à l’eau !!! Si le message de Jésus-Christ ne s’adresse qu’aux rues, alors il retourne sans effet vers celui qui l’a délivré !!!!Il y a donc un fossé, un fossé d’amour entre : « nous avons bu et mangé DEVANT toi et tu as enseigné dans nos rues » d’avec « nous avons bu et mangé AVEC toi et tu as enseigné dans nos cœurs ».Dans la relation avec Dieu, devenir acteur, et non spectateur : Voilà ce à quoi nous devons nous efforcer ; en prenant le temps de la relation.

La 2e question sous-jacente, claire dans l’épître aux Hébreux, est la question d’un Dieu, un Père punissant .Dieu punit-il ?…Il est sûr que moi, en tant que parent, je punis mes enfants ; parce que je les aime, et je veux pour eux une éducation qui leur permettra, en rectifiant les erreurs majeures tout du moins, de vivre du mieux possible leur vie, avec les autres et avec Dieu. Oui, je punis mes enfants ; par amour. Alors, Dieu nous punit-il, puisqu’Il nous aime, et plus encore que je ne peux aimer mes enfants ?Je le dis, cette question me gène. Pourtant, grâce à cette prédication, j’ai dû réfléchir à cette question gênante !!! Pour mes enfants, il n’y a qu’une seule « punition » qui porte ses fruits. Pourtant, j’ai un peu tout essayé quand il y a une grosse bêtise : rouspéter (peine vaine !) ; suspendre l’argent de poche (les marraines ont tôt fait de pallier au manque !) ; mettre au coin (ils comptent les petits carreaux ou jouent avec le chat) ; la fessée n’a jamais semblé pour moi un moyen ; …Le seul moyen portant quelques fruits, c’est de les isoler dans leur chambre. Plus de contact avec moi jusqu’à ce qu’ils aient réfléchi à ce qu’ils ont fait et aient pris toute l’ampleur de leur bêtise et aient pris la décision de changer…

Parfois, ça prend des heures…j’appelle de temps en temps : « tu as fini de réfléchir ? » et souvent j’entends « non ». !!! Je crois alors que la punition de Dieu, c’est son absence. Le péché, c’est bien la rupture. La rupture avec Dieu, c’est vouloir se passer de Lui. Et Dieu accepte. Ok ; tu veux te passer de moi ? Je t’enlève mon Esprit-saint ; débrouille-toi ; réfléchis ; et choisis ; la vie avec Moi, mais elle comporte des choix, choix de vie, choix d’amour ; ou la vie sans Moi… je me retire de ta vie.

J’ai toujours eu l’impression que l’enfer éternel, c’était ça : non pas des flammes et une chaleur intolérable, mais l’absence de Dieu.

Alors en ce début d’année d’église, de rentrée, de reprise, c’est à nous à nous demander où nous en sommes dans notre relation avec Dieu… est-ce que nous mangeons de temps à autre en face de Lui, ou prenons-nous le temps de manger AVEC lui ?Son message est-il enseigné dans notre temple…ou dans notre cœur ?Notre vie est-elle en adéquation avec l’exigence évangélique qui est de vivre pleinement cet amour dont nous sommes aimés avec les autres, tous ceux qui nous entourent ?Au fonds, la question est toute simple : Nous qui sommes aimés d’un amour fou qui est allé jusqu’à la folie de la croix, sommes-nous prêts à nous investir dans une relation d’amour, qui demande de l’attention, qui demande à être nourrie, ou sommes-nous prêts à nous passer de Dieu ? 

Nos choix sont dans nos mains…et dans notre cœur !

AMEN. !

Nathalie Paquereau.