Prédications Protestantes dans les Alpes du sud 

Dimanche 08 Juillet 2007

Culte à Gap (05)

Lectures du Jour :

Esaïe 66, 10-14

Luc 10, 1-20

Galates 6, 14-18

L'envoi des 70 disciples

Combien Jésus avait-il de disciples ? Souvent, on répond, un peu vite : « 12 ».Et on s’imagine que 12 disciples seulement ont annoncé la Bonne Nouvelle ! C’est faire porter sur leurs épaules un mission bien lourde…Et c’est aussi les transformer en super-hommes, ce qu’ils n’étaient pas…En tous cas pas plus que vous et moi !!!

Ce texte de l’envoi de 70 disciples deux par deux est un texte très parlant pour nous aujourd’hui. Et j’en développerai avec vous quelques points : Tout d’abord l’envoi de ces personnes ; puis la préoccupation de Jésus pour eux ; et enfin la gestion de l’échec. L’envoi donc :

Avez-vous remarqué qu’il n’est aucunement spécifié que ces 70 disciples avaient un Bac+ 7 en théologie…ni même en autre chose d’ailleurs ? Avez-vous seulement eu l’impression que ces personnes avaient bénéficié d’une longue préparation avant d’être envoyés ? Il y a une grande simplicité dans l’envoi de ces personnes. D’abord, on ne nous dit rien, strictement rien sur elles. Ces personnes sont des personnes Lambda ; pas des personnes méritantes de par leur attitude, leurs œuvres ou leur savoir. Juste des personnes dont on dit qu’elles sont disciples !!! Cela peut sembler maigre pour partir sur les routes jouer à faire l’évangéliste !! Alors, elles qui n’ont pas la Bible, elles qui n’ont pas fait de grandes et savantes études, que vont-elles faire?

J’en viens alors à cet autre texte de Matthieu : « c’est vous qui êtes le sel de la terre ; c’est vous qui êtes la lumière du monde ». Jésus n’envoie pas ces 70 personnes pour faire de grands, beaux et convaincants exposés et éventuellement défendre les idées de leur gourou. Jésus envoie ces personnes pour témoigner de ce choc de la rencontre ; le choc de leur rencontre avec Dieu. Et ce que cette rencontre a changé dans leur vie. Jésus envoie ces personnes pour donner du goût à la vie des gens ; pour annoncer dans les vies quotidiennes, les vies fatiguées ou lassées, les vies mornes, les vies tranquilles, les vies sans sens, les vies solitaires : « Eh ! Tu sais quoi ? Dieu, c’est pas quelque chose de lointain, de méchant, de silencieux ; Dieu, c’est une présence chaleureuse, c’est l’ami qui vient à ta rencontre, c’est le compagnon de tes souffrances et de tes joies, c’est Celui qui ne veut pas te laisser seul et veut mettre de la lumière sur ta route. Je te dis ça parce qu’il l’a fait pour moi !!! ».

Oui, Jésus envoie ces personnes pour leur faire relever la tête ; après le sel de la terre, de la terre, du terrestre, ce qui donne du goût au terrestre, ces personnes sont envoyées pour que celles et ceux qu’ils croiseront relèvent la tête ; relèvent la tête vers la lumière. Relèvent la tête ; se relèvent. Il les envoie dire juste : « eh ! Moi, j’étais en train de pécher, et dans mon quotidien bien banal il m’a dit : va » ; ou encore : « Et moi, je me demandais bien pourquoi j’étais en vie, quel sens tout cela pouvait avoir, et Il m’a dit : toi, Dieu t’aime et te montre un chemin ».Alors, Jésus n’a pas envoyé sur le terrain de grands savants qui ont étalé leur science. Il a envoyé dans le monde des hommes et peut-être des femmes, comme vous et moi, pour rencontrer les gens et leur dire ce bouleversement ; et leur dire que ce bouleversement est à portée de tous. C’EST TOUT.

Nous sommes ces 70. Pas tous appelés au même service. Mais appelés tout de même à montrer, dans notre travail, dans notre vie, dans notre quotidien, ce que Dieu a changé. S’il n’a rien changé, c’est à nous de réfléchir au sens de la foi. Mais s’il a changé quelque chose, c’est ce quelque chose qui doit devenir contagieux. C’est ce quelque chose qui doit donner un sens et devenir goûteux comme un plat salé ; lumineux comme un paysage d’été. Et il les envoie deux par deux. A l’époque, et le premier Testament le dit, dans des affaires de droit commun, c’est le témoignage de deux personnes qui était valable. Sûrement est-ce une des raisons qui pousse Jésus à les envoyer deux par deux. Mais il y a aussi une autre raison. Une personne qui dit : «Le Dieu de Jésus Christ a bouleversé ma vie », on peut penser qu’elle est illuminée… «Mais bien sûr ; allez passe ton chemin». Deux personnes qui témoignent de la même chose, c’est différent. Et vous savez comment ça s’appelle ? Ca s’appelle l’Eglise ! « Là où deux ou trois…je suis au milieu d’eux ». Pas 50 ou 300, 2 ou 3.

Eglise pas enfermée dans des murs. Eglise appelée à marcher pour rencontrer. Pour aller vers, et non attendre que les autres se déplacent s’ils en ont envie. Et être à deux, ça permet aussi d’en discuter, de se corriger mutuellement dans sa pensée. Cela permet de cheminer (faire chemin avec) un frère, une sœur en Christ.

Venons-en alors au deuxième point, qui est la préoccupation de Jésus pour ceux qu’il envoie. On sent dans ces paroles un souci de ce que ces 70 vont devenir. Il se préoccupe de leur réception, de leur nourriture, des lieux où ils vont être reçus. Oui, Dieu se préoccupe de notre vie. C’est vrai, ils doivent partir sans rien ; ne pas avoir leur esprit occupé à la préparation, au transport de biens matériels… »

Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et toutes choses vous seront données en plus »…Oh ! Tout ne tombe pas tout cuit. Mais il est des maisons qui les recevront et qui pourvoiront à leurs besoins. Il y a une légèreté vis à vis des biens et des besoins qui est loin de ce que nous vivons et de ce que notre société de consommation nous dicte ! Partir comme ça, sans rien…D’accord, il y a l’hospitalité orientale, mais quand même !!! Compter sur Dieu. Compter sur Dieu pour les grandes choses, et replacer ses priorités là où elles doivent être : le sens de la vie ; la relation à Dieu ; la joie de le connaître et de cheminer avec lui ; le bonheur d’être sur terre, et pas fruit d’un quelconque hasard, mais fruit de l’amour de Dieu. Le reste est second. Nécessaire, puisque Jésus lui-même leur en parle. Mais secondaire.

L’estomac ne doit pas prendre la place de l’âme ou du cœur. C’est certainement pour nous le point le plus difficile. Compter sur Dieu. Compter sur Lui quand on veut témoigner de ce qu’Il a changé dans notre vie ; compter sur Lui pour ne pas faire de la consommation notre nouveau Dieu ; compter sur Lui pour vivre chaque instant dans l’essentiel et non dans le faux bonheur du veau d’or. Vient le troisième point : la gestion de l’échec. Ce n’est pas parce que c’est Jésus-Christ lui-même qui les envoie que tout se passera comme avec une baguette magique. Jésus lui-même a tout de même connu la croix. Il y a, c’est clair, une part de mal dans notre monde ; et ce n’est pas parce que nous sommes accompagnés que tout va se passer comme dans un rêve. Nous ne sommes pas dans un rêve ; nous sommes dans la réalité. MAIS je trouve ce passage extraordinaire : un échec ? Vous n’êtes pas reçus dans une maison, dit Jésus? Secouez la poussière de vos sandales, et continuez la route. Je trouve cette gestion de l’échec extraordinaire. Et je la crois valable pour bien des situations. Des échecs, nous en connaissons tous. Et hélas souvent ils nous paralysent ; ils nous clouent sur place ; avec parfois de la culpabilité ; souvent une remise en cause de nos compétences, de la pertinence de notre place, quel que soit le domaine dans lequel se situe l’échec. Secouer la poussière de nos sandales, c’est arrêter de ruminer nos échecs qui nous empêchent de repartir, nous rendent frileux dans nos projets et dans nos relations.

Des échecs, nous en connaissons tous. Nous avons certainement à tirer des leçons de certains échecs. Mais pas pour rester cloué sur place. Pour mieux repartir. Il arrive un moment où nos échecs, échecs professionnels, échecs de couple, échecs éducatifs, échecs relationnels, etc.… ne doivent plus nous paralyser. Secouer la poussière de ses pieds. Repartir. Recommencer avec un élan renouvelé, renouvelé par Dieu. Ce n’est pas l’échec qui est grave ; c’est la paralysie qu’il peut entraîner. Ne pas rester sur ses échecs ; ne pas remâcher ses loupés ; ne pas s’aigrir de ses ratés ; mais aller de l’avant ; repartir ; se relever et reprendre la marche de la vie. Belle leçon de reconstruction et d’impulsion de vie que Dieu nous offre.

Alors, ce texte de ce matin nous apprend certainement que dans la vie, pour être sel de la terre et lumière du monde, il ne faut ni attendre d’être sur-diplômé, ni sûr de soi ; mais y aller. Aller, au gré de nos rencontres, au gré de notre vie, et rayonner de cette lumière, et être goûteux pour l’entourage. Simplement. Mais pas seul ; avec Dieu; et avec le soutien de la communauté ; c’est bien là l’un des sens du culte ; se regonfler les batteries de la foi pour se regorger de sel et se redorer de lumière!!!!

Enfin, ces paroles de Jésus nous disent que l’échec, quel qu’il soit, ne peut nous paralyser. Repartir. Repartir dans la vie. Ne pas tomber dans la fadeur du statique et des ténèbres de la paralysie du cœur. Repartir. Repartir dans la vie avec la joie du Christ, avec la paix du Christ. Vous rendez-vous vraiment compte de tout ce que le Christ veut nous apporter ? Sens ; soutien ; joie ; paix sur nos échecs. Alors, qu’attendons-nous ?

AMEN. !

Nathalie Paquereau.